Aprés un an ...

Voici un an qui vient de passer et nous en sommes tout étonnés. L'année est passée à vive allure.

De baignades en promenades, d'escalades en marches sur l’estran, à marées basses, de sorties barques en découvertes aquatiques, de bivouacs en voulés, de barbecues en soirées dansantes, nous sommes déjà à mi-séjour et ils nous restent tant à découvrir.
La faune et la flore sont un émerveillement permanent, tortues, makis, colibri, "corpies", pailles-en-queue, mérous, thazards, thons, poissons perroquets ou volants, dauphins et baleines, on en oublie… des crabes de mangroves, des langoustes, des barracudas ou des murènes, des dorades, des carangues, des capitaines et encore plus, plus et toujours plus gros...Quel lagon ! Quelle nature !

Mais la carte postale à aussi un verso. Le coté de la pauvreté, de la saleté, de l'ignorance et des croyances primitives, de l'émigration, de l'exploitation de la misère, de la cupidité des dominants, de la naïveté des dominés, du labeur des soumis, du piètre salaire des clandestins ... Inch Allah, Mectoub, c'est ainsi.

Ici, on naît et on est fataliste quand on vient d'en face. Grands Comoriens, Mohéliens, Anjouanais, c'est pas la couleur de leur peau qui fait la différence, c'est celle de leur carte d'identité. Leur origine en guise de passeport, frères des Comores qui paient le tribut des querelles anciennes.

Les gens ne naissent pas égaux, n'en déplaise à notre République. D'ailleurs ici, Marianne s'assimile difficilement. L’intégration au forceps. Ici on n’a pas eu de Gaulois, de guerre de cent ans, de Bastille, de der des der ou de résistants. Ici, la liberté n'a jamais été aliénée, l'égalité n'a jamais existée, il n'y a que la fraternité tribale qui peut avoir un sens. Les lois de la République se sont substituées peu à peu, au droit cadial, et dieu sait si le sens, le but, l’essence de ces jugements divergent souvent. Alors, on se méfie de ces nouvelles règles, on les contourne au mieux, on les ignore plus souvent. -"Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? "

Au bout d'un an, on apprend à vivre en parallèle, on rit des incohérences, des paradoxes, on s'agace des confusions, des contradictions, des soumissions. Parce qu'on est d'ailleurs, parce qu'on vient de loin, parce qu'on part demain. On se regroupe entre coopérants et à notre tour, on profite de cette terre et l'on ignore ces hommes...Les communautés se coudoient mais les relations restent superficielles.

La vie est belle à Mahoré mais les amitiés sont changeantes et éphémères. Quel lagon ! Quelle nature !

Jluc